• Et le diable, de sa robe blanche me souhaite la bienvenue dans le monde des vivants. Je lui tourne le dos car je ne veux pas revenir. Mais il veut me garder dans ce monde.
    J'ai le sentiment d'être volée, d'être kidnappée, de ne plus être maitre de mes décisions, laissez moi tranquille, je ne veux pas revivre !
    Mais je ne choisi pas, c'est ainsi depuis des décennies, alors pourquoi changer ce qui fait mal.
    Et si je changeais ? Si je décidais de décider ? Je peux encore le faire, c'est vrai, j'ai toute la vie devant moi maintenant, il suffit de le vouloir ! Je ne vous écouterais plus, allez vous en, c'est moi qui choisi maintenant ! Qu'elle est la première chose dont j'ai envie ... ? Envie !!! Quel est ce mot ? Je deviens folle c'est sûr, il faut que je reprenne mes esprits ne pas, ne plus rentrée dans le moule ça doit être possible, j'espère sincèrement...
    Mais oui, c'est possible ! Crois-le simplement ! Allez, crois-le ! Il me semble qu'il est là, je touche, sa chaleur, oui, il est là. C'est chaud et doux... Et son odeur... hum... son parfum m'embaume, me ravie, m'enlace... Je ferme les yeux...
    Chut, tais toi petite voix au fond de moi qui me murmure les horreurs du monde, suffit, je veux de l'espoir, c'est ce que je veux mais, c'est tellement dur de ne pas se laisser submerger par les ténèbres, pas pleurer, tu n'es plus une enfant. Les enfants, je sais pourquoi ils pleurent maintenant, ils pleurent pour soulager les adultes du fardeau de la réalité.
    Ces enfants souffrent plus que leurs parents. Ils sont rodés eux, ont déjà vécu. Mais les nouveaux nés, les enfants portent les souffrances de leurs parents. Mais il y a un espoir. Je le sais. Même si la réalité est dure, même si ma nature est mauvaise, même si je sais que je ne suis rien, il existe. Rien ne lui est secret. Il peut tout faire pour moi.
    Mais comment dois-je faire pour le laisser agir... Me laisser porter... le laisser décider pour moi... Sans tomber ou trébucher dans l'ombre qui nous entoure tous.
    Je suis épuisée, j'aimerai arrêter de penser et dormir d'un sommeil sans rêve et qui permettrai à mon corps de prendre assez de force et de courage pour continuer... jusqu'à demain.
    Hiberner, c'est mon rêve, ne plus avoir besoin de respirer, l'air, c'est épuisant, l'organisme est un cauchemar, je voudrais m'arrêter, comme quand j'y étais. C'était tellement beau, doux, chaud... Mais, pourrais-je vivre un peu de ce monde merveilleux dans ce monde ? Je pense que c'est possible. Mais, pas toute seule.
    Pas toute seule... mais sur qui pourrais-je me reposer, personne ne veut panser les plaies que le monde m'a fait ! Qui veut être avec une personne si faible que moi ? Je vais devoir encore paraître pour qu'on m'aime, je ne pourrai jamais être, sinon je finirai seule. Seule dans l'immensité du monde, de l'espace...
    Et si on m'aimait comme je suis ? Si on m'aimait pour ce que je suis réellement ? Je n'aurais plus besoin de faire semblant, plus besoin de me cacher, juste être moi. Ce serait tellement plus simple. Lui, il m'aime. Et il a déjà pansé mes plaies, sans que je ne lui demande rien. Il s'est donné pour cela. L'ai-je déjà oublié ? Je peux me reposer sur son épaule, lui laisser mes problèmes pour qu'il s'en occupe et me guide. L'aurais-je négligé ? Me laisser guider, par quelqu'un, encore et toujours, c'est épuisant, mais est ce que c'est plus épuisant que de choisir soi même ? Sans doute pas, se laisser aller et choisir la facilité, encore...
    Mais, est-ce si fatiguant ? Non, c'est rassurant, c'est allégeant, je me sentirais plus légère, protégée par ses envoyés, je ne serais plus perdue, si je l'aime, si je le laisse me transformer, changer ma vie, il saura s'en occuper, lui, il sait m'aimer, me donner ce dont j'ai besoin, je ne pleure plus, je ne m'inquiète plus. Rassurée...
    Est-ce qu'une personne comme moi mérite cet amour, cette aide et allégresse ? Est-ce que j'en vaux la peine..., oui sans doute, sinon pourquoi je serai là ? Oui je dois valoir quelque chose. Mais quoi ? Quelque chose de bien j'espère.
    En même temps, aucun être humain ne mérite et est digne de cet amour. Mais, c'est lui qui l'a décidé, il a choisi de m'aimer, sans rien attendre en retour, si, mon amour, ma confiance, ma vie. Il est si bon, c'est lui qui l'a choisi, et il sait ce qu'il fait, il est parfait. Qu'est-ce qui me retiens encore ?
    Ce qui me retient... c'est le doute qui s'insinue en moi dans mes nombreux moments de faiblesse et de solitude. Ce qui me retient, je ne sais pas, rien en fait, je peux mourir maintenant !
    Ah... Ce doute, je n'ai qu'à l'oublier, je n'ai qu'à l'abandonner, là où il est. Il m'empoisonne, laisse un vide en moi, un vide qui pourrait être rempli par lui. Et la faiblesse, oui, je suis faible, mais, à deux, on est plus forts, avec lui, on sera deux, toujours en moi, avec moi, il sera là dans chaque situation de malheur, chaque situation où je ne sais plus comment agir.
    Une béquille, voilà ce qu'il est, une béquille. C'est triste car même s'il m'aide, moi, qui pourrais-je aider, à quoi suis-je douée, rien, sinon parasiter le monde. Et quand serais-je capable d'avancer seule, par mes propres moyens, comme une grande, moi, si petite ?
    Une béquille ? Mais, que m'arrive-t-il ? Il est bien plus ! Il me donnera des dons, je serais quelqu'un avec lui, il me fera vivre des choses incroyables, des victoires ! Et je pourrais aider les gens avec ce que je suis, là où il me place, chaque jour, je pourrais apporter au monde sa lumière, sa vérité, son amour, l'amour de son sacrifice. Je vivrai dans l'abondance à tous les niveaux.
    Oui peut-être... Je ne sais plus où j'en suis..., je m'endors...
    zzzzzzzzzzzzzz
    Le diable entre dans ma chambre. Et les femmes dépourvues de foi ont continué la besogne du diable et ainsi avec un travail acharné m'ont rendu contenance humaine. Deux jours se sont écoulés, le diable vient vérifier que la tâche confiée à ces femmes à été convenablement exécutée.
    - Bonjour ! Comment vous sentez vous aujourd'hui ? dit-il avec un grand sourire, un regard rempli d'étoiles et un teint qui retrouve toujours plus sa jeunesse chaque jour. Je ne peux soutenir son regard rempli de chaleur, je lui tourne le dos. Le remercier pour son travail m'est impossible, qu'il me laisse à mon sort, je ne lui demande pas d'être condescendant.
    - Bien, je vous laisse, je reviendrais vous voir plus tard.
    Il reviendra, il reviendra, il a décidé, alors je suis certaine qu'il va le faire. Je ne peux pas rester éternellement à l'hôpital, je vais devoir rentrer chez moi. Chez moi, oui, me mettre dans mon lit et ne plus en sortir. Oui, je crois que c'est la chose qui me manque le plus, avec la radio, une bonne musique. C'est le meilleur des calmants et sans doute le plus sain. Il est hors de question que le diable ou ces femmes dépourvues de foi me drogue de calmants pour me changer en loque, je n'ai jamais été aussi vivante. Aussi vivante et aussi consciente. Je me suis réveillée après toutes ces années de sommeil. Maintenant, je sais ce que je veux faire, j'ai un but, je peux vivre, laissez moi faire comme bon me semble, entre ces quatre murs je me sens emprisonnée, enchainée par ces créatures démoniaques ! J'ai laissé mon esprit se soumettre aux envies du reste du monde, mon corps et mon esprit ont été pollués par la ville. Mais maintenant, cela va changer car je suis comme le phénix qui renait de ses cendres, la nature a été mon antidote, mon thérapeute. Je sais qui je suis, je sais ce que je veux, ces deux jours de sommeil m'ont été plus que bénéfiques. Mes idées sont aussi limpides que la cascade qui jailli de la montagne, puissante et insoumise. Je veux rentrer chez moi et prendre ma vie en main car je ne suis plus le sable d'antan, mais un roc, qui résistera à n'importe quelle tempête que la vie me réservera.

    J'ai mangé un yaourt aujourd'hui. Un yaourt à la fraise. Je déteste les yaourts à la fraise. Je déteste tout ce qui est au goût de fraise, je disais avant. Pourtant, aujourd'hui, j'ai mangé un yaourt au gout de fraise. Il était rose, comme les fraises. Sauf que les fraises, c'est rouge. C'est ça les colorants aujourd'hui. Ils veulent nous avoir les fabricants de yaourts, ils veulent nous faire croire qu'ils ont mis des vraies fraises, avec leurs colorants. C'est comme le sirop de menthe. Le vrai sirop de menthe, c'est blanc, mais, dans les laboratoires, ils se tuent à trouver un colorant vert pour le sirop à la menthe, rien que pour plaire au consommateur. J'étais comme ça, avant. J'avalais tout. Sauf les yaourts aux fraises. J'agissais comme un consommateur irréfléchi, qui achète tout ce qu'il trouve dans le magasin du coin de rue, parce-que ça à l'air appétissant. L'emballage à l'air appétissant. Seulement ce qu'on mange, c'est pas l'emballage. C'est ce qu'il y'a à l'intérieur.
    Et l'intérieur est presque toujours moins bon que ça en à l'air sur l'emballage. Ils savent nous manipuler. C'est comme ma grand-mère, parce qu'ils savent quelle cible choisir : les faibles. Et les grands-mères, c'est faible. Ca connaît plus grand chose des nouveautés. C'est pas de leur temps, les nouveautés. Donc, ma grand-mère, elle a regardé la télé. La télé aussi, comme les emballages, c'est trompeur. La télé communique ce qu'elle veut. Elle diffuse ce qu'elle veut. Et personne ne fait le tri. On rentre du travail, fatigué, on s'assoit devant cet écran, et on avale, on bouffe toutes les informations qu'ils nous envoient, sans les trier. Les humains, pas plus intelligents que ça ? Non. On ne sait pas ce qu'il y'a derrière toutes ces informations, quel est l'intérêt de diffuser tel ou tel programme plutôt qu'un autre ? Il y a intérêt. La télé est égoïste. Ou plutôt, les gens qui fabriquent les programmes. Donc, ma grand-mère, le matin, comme elle ne sait pas quoi faire, elle regarde le télé achat. Et, dans le télé achat, y'avais des pilules pour maigrir. Facile : Prenez une pilule par jour et vous aurez 2 kilos par semaine en moins. 2 kilos en moins par semaine. C'est pas tentant ? Hyper tentant ! Et hyper tendance aussi ! C'est la mode, maintenant, d'être mince, gros seins, pas trop de fesses, juste ce qu'il faut, et puis, assez grande, maquillée, épilée de partout, cheveux teints (en blond bien sûr), et puis, siliconée, si on n'a pas été gâtée par la nature. C'est ça, la société aujourd'hui. Et ma grand-mère voulait ressembler à ça. Donc, pour commencer, elle a commandé ces pilules. Un chaque jour, 2 kilos par semaine. Pour trois pilules et demi, un kilo en moins. Pour 7 pilules par semaine, 2 kilos en moins. Oui, c'est tentant. Seulement, ma grand-mère, elle était bien, avant de prendre ces pilules. Elle était en forme. Elle était souriante. Elle ne pleurait pas. Elle riait souvent. Elle faisait même des blagues. C'était une grand-mère normale, comme toutes les grands-mères. Et puis, elle est devenue loque. Loque comme une loque. Loque, comme quelqu'un qui ne parle plus, parce qu'elle n'en a plus la force. Loque qui ne sourit plus, parce qu'elle à mal quand elle sourit, tellement elle est devenue maigre... Comme les pilules marchaient pas, elle s'est mis à ne plus manger. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'elle voulait être mince. Mince comme les squelettes qui défilent sur les podiums des grands créateurs de vêtements, si fiers de leur création et un brin féminins. C'est ça la société aujourd'hui. Mais, je vivais dans cette société, avant. J'étais esclave de la « norme ». Une façon de marcher, de manger, de choisir certains produits et pas d'autres, une façon de rire, d'apprendre, d'avoir toujours l'air heureux, de sourire même si on en à pas envie, d'être aimable, même si on a envie d'hurler au monde entier « Foutez moi la paix ». Tout ça, je le faisais, avant. Cette société est une pourriture. Personne n'est réellement heureux, en fait. Ils font tous comme si la vie était belle, et puis, la vie est belle, mais, pendant combien de temps ? Jusqu'à ce qu'une mauvaise nouvelle brise cette belle vie et la transforme en cauchemar. Les gens paraissent, c'est tout. On paraît, puis, on disparaît. Alors, on essaye tous d'être quelqu'un, une rareté, quelqu'un comme personne, qui est plus intelligent que les autres, ou plus beau que les autres, ou encore plus gentil que les autres. Ils ne savent pas qu'ils sont tous pareils : tous esclaves de cette société.

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  • Si tu étais simple, je ne m'attacherais pas à toi. J'ai toujours été attirée par la complexité.

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